Pourquoi les collectivités locales ne doivent pas avoir peur de l’open data

Depuis un peu plus d’un an, j’ai l’opportunité grâce aux animateurs de DATarmor et de Megalis Bretagne d’intervenir dans des rencontres à destination des collectivités territoriales bretonnes  sur le thème de la réutilisation des données publique en Open data.
On me demande souvent de présenter des exemples de réutilisations.
Au fil des rencontres, j’ai eu l’occasion de présenter des exemplequi permettent a certains de « dédramatiser » leur rapports au « données ouvertes » En effet, de nombreuses collectivités territoriales vivent cette arrivée de l’opendata comme une contrainte, et s’inquiètent des conséquences de l’ouverture des données, de leur impact sur la charge de travail de leurs agents, des commercialisations qui pourraient en être faites. Pourtant, l’open data peut aussi être une source d’opportunités pour une collectivité dans la relation avec les citoyens.

Ouvrir les données locales, une obligation légale qui suscite des craintes

Dans les nombreux articles de la loi NOTRE on en trouve un qui donne l’obligation aux communes de plus de 3 500 habitants de rendre accessibles en ligne les informations publiques qu’ils détiennent, lorsque celles-ci se rapportent à leur territoire et sont disponibles sous forme électronique.
Cette obligation légale est source de nombreuses questions pour les collectivités :
Quelles données faut-il rendre publiques en priorité ?
Qui va les réutiliser (entreprises, militants politiques ou associatifs, particulier…) avec quels objectifs et dans quelles conditions.
La question de la réutilisation par des opérateurs privés fait débat : un opérateur privé à-t-il le droit de réutiliser des données publiques dans un cadre économique. La mise en ligne d’information sur les budgets ne risque t’elle pas d’amener une remise en cause par les citoyens de l’utilisation des fonds publics ? Quelles données sont prioritaires, quelles données peuvent être utiles aux potentiels ré utilisateurs. Faut-il anonymiser des données et comment ?

Bref souvent ce changement de pratiques dans gestion de la donnée publique fait (un peu) peur.

Des réutilisations citoyennes et entrepreneuriales.

En écoutant les collectivités qui sont confrontés à la mise en place de l’open data, on réalise souvent que leurs craintes viennent du fait qu’elles ne connaissent pas (ou mal) les réutilisations et les utilisateurs de leurs données.
Ceux-ci ont des profils et des attentes très diverses et font du monde de la réutilisation de la donnée publique un patchwork d’applications et de situations diverses.

Quand on me demande d’intervenir, je présente certaines applications que nous faisons chez passeurs-de-savoirs (Par exemple Guingamp news, qui propose des informations locales et des infos sur le territoire et les communes de la communauté de commune) mais aussi des projets menés par d’autres et qui peuvent être surprenants mais expliquent bien tout l’intérêt de la démarche dans des champs d’applications auquel les mairies n’ont pas obligatoirement pensé, ou une diffusion de l’information sur des médias et supports que les collectivités n’utilisent pas.

Quand je suis amené a expliqué la réutilisation j’essaye de donner des exemples « orignaux » pour que les élus et les cadres territoriaux puissent se libérer du poids des contraintes et des inquiétudes et aborder la problématique de l’ouverture des données avec un regard neuf.

Un exemple « pipi-caca » pour détendre l’atmosphère.

En France le mouvement OPEN Data public est née au début des années 2010. Rennes puis Paris en on été les précurseurs. Avec dans un premier temps une frénésie de partage de toutes sortes de données.

Au début des années 2010 la ville de Paris a très rapidement ouvert un grand nombre de fichiers de tout type.
Parmi ceux-ci il y en avait un qui proposait la liste géolocalisée des toilettes publiques. Si vous vous demandez a quoi peu bien servir un tel fichier, je vous dirais qu’il doit avoir son utilité pour les entreprises qui assure l’entretien de ces équipements.
Le fait est, qu’un ami à moi était tombé sur ce fichier et lui avait très rapidement trouvé une application pratique : Il avait utilisé un fond de carte (Google map de mémoire) et avait superposé la localisation des toilettes publiques. Il avait aussi inclus un système de géolocalisation, et mis tout çà sur un serveur web.
A l’arrivée, toute personne qui se connectait sur le site pouvait savoir ou se situait les toilettes publiques les plus proches.

Généralement quand j’en arrive a ce moment de l’histoire mon auditoire et partagé entre le rire et la réflexion.

Le rire parce que, la liste des toilettes publiques le premier fichier que vous penseriez a libérer…

Et la réflexion parce que oui, c’est un service utile. En effet imaginez que vous soyez un touriste dans une ville étrangère, et que vous ne sachiez pas comment demander ou sont les toilettes publiques les plus proches, ce simple service répond a votre besoin, et quand la ville étrangère est l’un des lieux les plus important du tourisme mondial, le public « cible » d’un tel projet est énorme.

Mais la réflexion est aussi sur l’intérêt de cette ouverture :

imaginez que vous soyez en responsabilité dans une collectivité et que vous décidiez de créer un site qui géolocalise des toilettes publiques.

Vous allez (sans doute) faire appel a une agence pour créer le site cela va avoir un coût, et, dans le climat de réduction des dotations et des coûts de fonctionnement des collectivités territoriales, on risque (sans doute) de vous accuser d’utiliser l’argent public pour un projet qui n’est pas obligatoirement prioritaire.
tandis que si vous laissez l’opportunité a n’importe qui l’opportunité de le faire a votre place, ce coût est effacé, et le service au public est assuré.

Le danger et l’opportunité d’ouvrir des données.

La (grande) crainte des collectivités qui ouvrent leurs données est que ces données soit utilisée pour pointer leur manquement ou leurs dysfonctionnements.
Prenons l’exemple de l’accessibilité de l’espace public aux handicapés.

  • Le risque pour une collectivité qui propose des informations sur le sujet en libre accès sur le sujet et qu’on lui fasse remarquer que la ville est « peu » accessible au utilisateur de fauteuils roulants (ou de poussettes).
  • L’opportunité est que ces données soit réutilisées par les citoyens pour rendre la ville plus agréable pour les handicapés.
    l’exemple de handimap.org est une initiative issue de l’open data. Le principe de ce site est de proposer une carte et un calculateur de trajet basé sur les données opendata relatives à la voirie de Rennes métropole. Afin de proposer aux personnes a mobilité réduite de se déplacer d’un point à l’autre de la cité en trouvant le parcours le plus facile d’accès.

Une autre initiative du même type a été mené par l’université de Bretagne sud Dat’acces l’idée est de compiler à partir de sources d’informations diverse sur un territoire l’ensemble des lieux événements accessible à tous. Divers organismes produisent des données (collectivités, services publics, offices de tourisme, etc…) et un réutilisateur fait le choix de les mettre en cohérence.

Donner des outils aux citoyens pour leur simplifier le quotidien.

Je ne raconte pas que des histoires de toilettes publiques, il m’arrive aussi de raconter des histoires d’amour.
J’ai une amie, qui comme moi est originaire du sud de la France, et qui comme moi a fait le choix pour des raisons professionnelles de s’installer en Côtes d’Armor.

Elle a rencontré à Lannion un charmant breton et a décidé de l’épouser, leur mariage a eu lieu au printemps dernier.
Bien sur, la logistique a été une des questions abordées comment faire venir une centaine d’invités du sud de la France, où les loger et comment les aider àa s’orienter entre la mairie, l’église et le lieu ou se déroulait la fête pendant la durée de leur séjour ?

  • C’est la qu’elle a choisi d’utiliser les ressources du portail datarmor :
  • le comité départemental du tourisme y propose un listing des hôtels et des hébergements du département (classés par territoire)
  • la ville de Lannion y propose une liste complète de ses parkings géolocalisés (ce qui a permis de simplifier l’accès au différents lieux aux invités)
  • et une extractions des des événements en Bretagne dans les jours precedent et suivants le mariage depuis le portail opendata des CDT bretons  a permis a celles et ceux qui ont profité du mariage pour découvrir la région de trouver des activités sympas à partager en famille.

Pour mon ami, l’organisation a été largement facilité puis qu’elle a pu en quelque requêtes proposer a chacun de ses invité un listing des hébergements, un plan des parkings et une liste d’activité en quelques clics.

Comme quoi l’open data peut aussi contribuer a l’harmonie familiale…

 

Valoriser la citoyenneté et l’engagement politique.

Mettre a disposition des données publique c’est aussi donner la possibilité de développer l’engagement citoyen. Les périodes électorales sont une bonne occasion d’utiliser l’open data pour mobiliser les électeurs :

Lors des régionales de 2015 le site panneaux-election.fr a réalisé a partir du fichier des emplacement des panneaux électoraux un calculateur de trajet optimisé qui permet aux militants en charge du collage d’organiser leurs tournées. L’expérience a d’ailleur été reconduite lors des dernières élections législatives.

De même, lors de la dernière campagne des législatives, passeurs de savoirs a été sollicité par le parti communiste des côtes d’Armor pour réaliser un site de campagne pour ses candidats. Le fichier open data des circonscriptions électorales nous a permis de créer un petit outil qui permettait au électeurs de retrouver leurs candidats et leur circonscription en fonction de leurs communes.

l’opportunité de la mutualisation et de la réutilisation.

lors des débats avec des représentants des collectivités, on parle souvent de la « production » de données, en faisant abstraction de l’opportunité que peut être pour elles de réutiliser des informations.

  • Il y a quelques mois, une mairie, cliente de l’agence nous avait interrogé sur la mise en place de sa politique open data. Cela avait été l’occasion de parcourir des projet existant par ailleurs , et pour les responsables de service de découvrir comment d’autres représentaient leurs données. l’open data peut donc être source de partage de pratiques et de savoir faire entre collectivité.
  • Mais, les données publiques peuvent aussi être réutilisé par les communes. Nous travaillons actuellement sur le site web d’une commune et avons intégré sur leur site une fonction d’import des données du fichier des fêtes et événements proposé par le comité départemental du tourisme. Cette fonction, permet deux chose :
    elle propose aux habitants (et aux visiteurs) de la commune de découvrir non seulement les événements de la commune, mais aussi les autre fêtes et événements à proximité.
    De plus elle offre a l’ensemble des agents et des élus une vision en amont des événements locaux ce qui permet de planifier au mieux les différentes réunions, rencontre ou événements locaux en fonction du calendrier du territoire.

Identifier des données inexploitées et faciliter leur mise a disposition.

Quand on interroge les ré-utilisateurs de données, on réalise qu’ils sont très souvent sensibles aux données géolocalisées qui leur permettent de proposer des services et des applications de proximité.
Par ailleurs, de plus en plus de communes proposent sur leur site web ce type d’informations : annuaires ou cartes des entreprises, des professionnels de santé, des bâtiments municipaux ou des services publics.
Il est assez facile aujourd’hui d’adapter les sites internet pour pouvoir récupérer simplement ces données sous formes de fichier exploitables (CSV, XML, GeoRSS…) qui peuvent par la suite être réutilisés en interne ou partagés sur des portails opendata, comme datarmor au niveau local ou le portail national de la donnée ouvertes data.Gouv.fr.

Stimuler les initiatives citoyennes de production de données ouvertes.

On s’éloigne un peu du sujet (ou du moins on élargi le débat) mais l’open data n’est pas qu’un enjeu public, de nombreux sites comme wikipedia ou openstreetmap s’appuient sur les contributions de leurs utilisateurs pour produire des données libre et accessibles à tous.
Les collectivités peuvent participer et s’associer a ce mouvement de production de contenus comme c’est par exemple le cas avec l’opération libre.

A travers ce type de projets, une collectivité permet aux habitants et aux visiteurs de s’approprier le territoire et de contribuer a l’amélioration de l’offre d’information du territoire concerné.

 

Des liens pour aller plus loin :

Et bien sur si vous voulez qu’on en parle et qu’on réfléchisse ensemble à comment l’open data pourrait s’intégrer dans votre collectivité n’hésitez pas à contacter l’agence

 

Pourquoi les collectivités locales ne doivent pas avoir peur de l’open data
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Bear